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Points de vue sur le monde des courses hippiques :
un regard sans concession
Passionnée, l'équipe de journalistes vous propose de tout savoir sur l'organisation, les compétiteurs hommes et chevaux mais aussi sur les abus, les privilèges... Par le biais d'articles de fond sur des faits récents, ou de dossiers sur les grands sujets qui font débat, un seul objectif : que les turfistes passionnés puissent tout savoir et ainsi avoir un jugement s'appuyant sur... la vérité.
Le maître mot, trop souvent oublié par la presse.
Articles rédigés par Patrick LANABÈRE
(copies sous réserve d'autorisation)
(0,80 € la minute)
01/10/2015
[26/09/2015]. Le mercredi 12 août de nombreux turfistes qui s'étaient rendus à Enghien à l'occasion de la journée des turfistes avaient manifesté leur colère devant le manque de guichets mis à leur disposition. La direction du Trot a justifié le plan actuel de disparition progressive des guichets par la masse salariale excessive attachée à l'ancien système. Mais le remède ne va-t-il pas être pire que le mal ? Ne pouvait-on pas trouver d'autres solutions ? Ne va-t-on pas faire fuir une partie de la clientèle, en particulier les turfistes qui ne veulent pas entendre parler des bornes de paris ? Si les hippodromes continuent de se vider, il ne faut pas oublier qu'UN SPECTACLE SANS SPECTATEURS est vide de sens et ne saurait être viable très longtemps. Suite à la décision de supprimer les guichets (ou plutôt le personnel) qui coûtaient trop à l’institution, c’est devenu (officiellement) effectif sur le terrain il y a une dizaine de jours.
Dimanche dernier, à l’occasion d’une belle réunion à Vincennes, c’était un premier test sur une journée importante... Outre des échos déjà nombreux (et essentiellement de mécontentement, comme par exemple le fait que quand vous insériez un billet de 20 euros pour jouer 5, la machine vous rendait un bon de 15 euros... non encaissable, un véritable scandale d’incitation au jeu qui a heureusement été résolu mais qui est révélateur de l’approche...), le témoignage de Max Popiacki, l’un des piliers de l’A.N.T qui est aussi un fidèle des hippodromes nous a interpellé :
< Je me suis rendu dimanche à Vincennes pour une journée “test”. Il en ressort un triste constat de “vaste rigolade”... si ce n’était pas à pleurer ! Quelques constats et infos : On nous annonce “Un nouveau terrain de jeu : davantage de bornes, quelques comptoirs et des commerciaux qui viennent directement au contact du public. Une véritable révolution (on n'a pas peur des mots!) s'est opérée côté public. Le DG Délégué du PMU a désormais les cartes en mains dans ses espaces majeurs POUR CONQUERIR UN NOUVEAU PUBLIC. Chapo mais c’est du pipo... On passe sous silence un sondage qui livre une conclusion marquante : 85% des turfistes ne veulent pas jouer aux bornes. En marketing, il me semble que l’on doive fidéliser d'abord le client, puis on recherche une clientèle ensuite (échecs répétés sur plusieurs décennies) pourtant on ose nous annoncer que “D’ici quelques mois, il n'est pas certain que la population qui fréquente les champs de courses soit la même que celle d'aujourd'hui...”. Ben voyons. Cela veut donc dire que l'ancienne est perdue... et la nouvelle gagnée en quelques mois ? De qui se moque-t-on ?
Revenons à dimanche et la Journée du Portugal à Vincennes. Après quelques travaux d'intérieur, le grand hall, qui était sinistre et sombre, est devenu agréable, avec des couleurs, des tables carrées très pratiques dont certaines hautes pour faire son papier, un bon éclairage et des stands qui sont souvent appréciés. Côté public, plusieurs catégories. Celui qui s'installe dans les tribunes et ne joue pas ou très peu. Celui qui s'intéresse aux animations (public familial). Celui, sympathique et convivial qui est venu pour se distraire, pour gouter aux produits de chez eux, pour discuter et pour jouer un peu. Et puis il y a les turfistes, les habitués, qui ne sont plus nombreux mais qui n'ont pas (encore) plié bagage. En grande majorité, ils ne veulent pas de bornes et il est fort probable que quand il n'y aura plus de guichets, ils déserteront les hippodromes, et que pour une majorité d'entre eux, ils ne joueront plus. Le phénomène du ras le bol avec du trop de... (trop de jeux, trop de réunions et courses médiocres, courses à midi etc.) a produit un effet dévastateur pour la fréquentation hippodrome et les enjeux.
Côté “organisateurs” que va-ton pouvoir inventer pour défendre cette ligne politique suicidaire ? D’autant qu’il y avait une bonne douzaine de guichets où il y avait la queue et où on prenait les paris ! Conséquence : sur les bornes, il y avait possibilité de parier assez facilement! Osera-t-on comparer les chiffres 2015/2014 où j'ai compris que la fréquentation était à peu près identique. À savoir dissocier les enjeux sur bornes et les autres ?
N’oublions pas aussi que depuis 2004 où les bornes ont été mises en place, leurs nombreux dysfonctionnements ont couté cher aux parieurs qui ne retrouvaient plus leurs chèques pari, leurs paris gagnants, leurs billets insérés puis... bloqués dans la borne ! Ces incidents ont été nombreux et ceux-là ont estimé avoir été volés. Ils appréciaient donc de jouer aux guichets où il y avait de la convivialité et de la sureté dans les jeux.
A titre personnel, comme je regarde les canters, les heats d'échauffement, la fluctuation des cotes... je joue généralement sur les bornes au dernier moment, mais j'encaisse au guichet. Et comme d'autres turfistes, de temps en temps, j'ai passé en “pertes et profits” des tickets "mangés" par la borne et non retrouvés (je ne suis pas un gros joueur par les sommes mais par la fréquence...). Parfois tout simplement pour ne pas attendre plus de 10 à 15 minutes et ne pouvoir assister à la course, ce qui est très frustrant car je rappelle l’essentiel : sur un hippodrome on se déplace pour suivre une course, pas pour attendre un informaticien !
Évidemment, avec tous les autres problèmes de la filière hippique, celui des bornes n’est peut-être pas majeur mais il est lassant de constater que les problèmes ont été minimisés (comme souvent) et qu’on en arrivé à une solution précipitée qui va (encore) affecter, d’un seul coup cette fois, la fréquentation hippodrome >.
Signalons pour conclure que les assistances clients qui devaient être mises en place, grâce à la reconversion des personnels “guichets” qui n’avaient pas quitté la maison avec leurs indemnités ne donnent pas satisfaction car en manque... de personnel. Il s’avère que l’on n’avait pas misé sur autant de départs... Décidément, le pronostic et les prévisions, ce n’est pas le truc des dirigeants des courses. Par conséquent, on embauche actuellement au PMU pour palier à ces très nombreux départs !