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Points de vue sur le monde des courses hippiques :
un regard sans concession
Passionnée, l'équipe de journalistes vous propose de tout savoir sur l'organisation, les compétiteurs hommes et chevaux mais aussi sur les abus, les privilèges... Par le biais d'articles de fond sur des faits récents, ou de dossiers sur les grands sujets qui font débat, un seul objectif : que les turfistes passionnés puissent tout savoir et ainsi avoir un jugement s'appuyant sur... la vérité.
Le maître mot, trop souvent oublié par la presse.
Articles rédigés par Patrick LANABÈRE
(copies sous réserve d'autorisation)
(0,80 € la minute)
11/09/2015
Cette semaine, un point de vue de Dominique de Bellaigue, Président du Trot (et candidat à sa réélection) a quelque peu interpellé. Et n’a pas manqué de provoquer nombre de réactions, sur les réseaux sociaux ou autres... Personnellement, je me suis tout d’abord demandé comment un homme avec de telles responsabilités peut encore faire des propositions, quelles qu’elles soient, avec un tel passé ? Aurait-il oublié que lors de différentes interviews non démenties, il a par exemple parfois dénoncé la multiplication des réunions à toutes heures -en résumé, trop de courses tue les courses- et en parallèle, avec les deux autres grands dirigeants des courses en France -Bertrand Bélinguier au galop et Philippe Germond ex-Président du PMU (remplacé depuis peu par son second Xavier Hurstel) avoir été parmi les “grands décideurs” qui ont validé les nouveaux programmes surchargés de courses et de jeux, lesquels ont non seulement tué les rapports, mais aussi l’intérêt de la compétition pour les turfistes...
Été, aussi avec ses acolytes, de ceux qui ont évincés Daniel Augereau et son rapport lucide sur la situation des courses, pour mettre en place un “Comité stratégique” vide de tout réalisme, poudre aux yeux, et dirigé par un de leurs proches ?
La semaine passée, nous rappelions qu’il nous avait un jour déclaré (à l’époque où le déferrage était camouflé avec la complicité des dirigeants du trot) que c’était un faux-débat, un leurre pour “expliquer” des performances étonnantes qui devaient en fait être expliquées par le dopage... Lui qui depuis n’a quasiment rien changé à un système où les contrôles sont établis par un labo appartenant aux organisateurs et donc non indépendant... Et lui qui a vu, en tant qu’éleveur d’AVE AVIS, son cheval gagner le Critérium des 5 Ans un peu à la surprise générale... déferré des quatre pour la première fois ! En somme ayant vu l’une de ses théories ridiculisée par un cheval qu’il a fait naître...
Lui qui a aussi maintenu des règles écartant des chevaux du circuit -faute de gains dans certaines conditions d’âge- sans penser aux effets pervers secondaires, comme le manque de partants parmi les chevaux plus âgés. Ou participé, avec son “Comité” composé de nombreux autres gros éleveurs, à valider ou maintenir des règles visant à sortir des poulinières du système, moyennant une prime conséquente... dont ils ont été parmi les plus gros bénéficiaires. Parmi d’autres décisions très éloignées de l’intérêt général. Évidemment il n’est pas seul et tous ceux qui sont omniprésents depuis des lustres dans ces Comités décisionnaires, dont un ancien président, portent d’aussi lourdes responsabilités...
Mais en tant que “Chef”, il doit assumer, d’autant qu’il a annoncé, également cette semaine, sa candidature à sa succession. Aux courses, le slogan serait-il “Pourquoi changer une équipe qui perd ?”
Concernant son dernier “Point de vue”, il faut relever aussi quelques perles... Comme l’a écrit en réaction Andrev Gueguen, impartial et très lucide observateur du milieu des courses, via ses nombreux écrits et analyses publiés ces derniers mois sur le blog Médiapart : “On se frotte les yeux à la lecture...”.
Voici quelques extraits du Président du Trot : “Il y a des voix qui comptent plus que d’autres”, écrit-il...”Nous allons être bouffés tout cru ! Tout bouge, tout change...” s’inquiète-t-il. Et de poursuivre: ”Nous pouvons faire du marketing comme la Française des Jeux et créer un nouveau réseau autre que le PMU qui viserait une clientèle élargie complètement différente de nos turfistes. On vendrait alors un jeu très simple avec pourquoi pas un ‘rendu-monnaie’ permettant aux gens de miser des reliquats d’argent. On récupérerait ainsi une clientèle qui n’aurait jamais joué aux courses..., en pariant par exemple sur les jockeys”. HALLUCINANT ! Il parle aussi de “Machine à bâtir des enjeux qui s’est désormais grippée...” Moment de lucidité ? Mais affirme : “Depuis un an et demi, je répète au PMU que la Française des Jeux a marché sur nos plates-bandes”... alors que c’est évidemment tout le contraire, les courses n’ayant eu de cesse d’aller chercher la clientèle “jeux de hasard” sans y parvenir!
En réponse à de telles élucubrations, laissons la parole à Andrev Gueguen, pour une comparaison on ne peut plus criante : “ Le 28 décembre 1978, le DC8 du vol United Airlines 173 New-York-Portland s’écrasait à proximité de son aéroport de destination dans des circonstances qui devraient faire réfléchir les dirigeants des instances hippiques. A 17 h 08, les pilotes enclenchèrent la sortie du train d’atterrissage mais le témoin du train principal ne s’alluma pas. L’équipage procéda alors à toutes les vérifications nécessaires et entama une série de cercles d’attente au-dessus de l’aérodrome. A 17 h 38, les pilotes conversaient encore avec la tour de contrôle et décidèrent de préparer les passagers à une évacuation en urgence selon la procédure d’atterrissage risqué. Les hôtesses la lancèrent à 17 h 44, alors que l’avion commençait un nouveau tour dans le ciel de l’aéroport. A 18 h 04, l’appareil s’écrasait au sol, faute de carburant : le train d’atterrissage était bien sorti... mais les pilotes avaient tout simplement oublié de suivre le niveau de la jauge de carburant ! “
Et d’ajouter : “Obnubilé par son diagnostic paranoïaque, le bienheureux pilote du Cheval Français a oublié la fuite continue, et certaine, des parieurs lassés des taux de prélèvements trop élevés, des manipulations du nombre de courses et des formules de jeux qui les incitent à jouer sans cesse. Les retraités, les chômeurs, les femmes à la maison, qui tuent leur ennui devant Equidia, forment l’essentiel de la clientèle fermée des opérateurs, PMU en tête. Une population prisonnière de son accoutumance, qui ne parvient à se distraire des jeux que lorsque sa situation financière la lui impose. Tous les rafistolages de la “machine à bâtir des enjeux” n’empêcheront pas son scratche, faute de joueurs.
Craintifs et pleutres du milieu omettent de dénoncer les responsabilités de l’Etat, de son appareil administratif, et taisent la spoliation des turfistes et le vol de leurs gains (notamment via le vol des “centimes”) car la seule réforme qui puisse garantir l’avenir des courses hippiques, passe par un système de paris où les joueurs les plus habiles seront sûrs de pouvoir gagner. Un système équitable (hahaha) ! Une telle réforme est impossible sans audace, sans une remise à plat des acquis abondamment distribués entre l’Etat, les opérateurs, les Sociétés mères, les professionnels et tous leurs affidés. Une telle réforme est tout simplement inenvisageable !
Monsieur de Bellaigue a soumis son idée d’un nouveau jeu en ‘rendu-monnaie’ au Secrétaire d’Etat au Budget, Monsieur Christian Eckert. Cette proposition pusillanime, hautement risible, en regard de la gravité de la situation du turf, n’a pas alerté l’auguste préposé de l’autorité d’un Etat français où tout va à vau l’eau. La réforme de l’hippisme est loin des préoccupations d'un pouvoir politique emberlificoté de partout. Monsieur de Bellaigue présente une nouvelle candidature pour sa réélection à la présidence du Cheval Français, en décembre. Qu’il soit de nouveau élu, surtout : l’époque a besoin de comiques !
Vous avez tout compris mon cher Andrev... Ce n’est hélas pas le cas de tout le monde !