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Points de vue sur le monde des courses hippiques : 

un regard sans concession

Passionnée, l'équipe de journalistes vous propose de tout savoir sur l'organisation, les compétiteurs hommes et chevaux mais aussi sur les abus, les privilèges... Par le biais d'articles de fond sur des faits récents, ou de dossiers sur les grands sujets qui font débat, un seul objectif : que les turfistes passionnés puissent tout savoir et ainsi avoir un jugement s'appuyant sur... la vérité.

Le maître mot, trop souvent oublié par la presse.

 Articles rédigés par Patrick LANABÈRE

 (copies sous réserve d'autorisation)

N° Audiotel > 08.99.700.720

(0,80 € la minute)

LES COURSES FILENT UN MAUVAIS COTON

24/08/2013

Le mardi 20 août dernier, le Directeur technique de la Société du Trot a communiqué sur la réouverture, la veille, de Vincennes en ces termes : " Rentrée de Vincennes  : des champions sur la piste,  une fréquentation en hausse, des enjeux en progression de 8%... ". Tout va donc très bien dans le meilleur des mondes ! Et c'est en propageant ce genre de discours que le PMU et les Sociétés de Courses essayent de rassurer les médias, pour la plupart autistes, les acteurs socio-professionnels, pour un grand nombre la tête dans le guidon, et les Ministères de tutelle dont les rôles et comportements de certains directeurs de cabinet ressemblent davantage à celui d'une passoire qu'à celui d'un filtre qui serait pourtant indispensable pour ne pas tout laisser faire...

En validant par exemple la politique du toujours plus de courses, sans se poser de questions, ces conseillers ministériels, notamment à l'agriculture, ont commis une faute grave, la conséquence -annoncée dans nos colonnes depuis plusieurs saisons- étant de faire fuir de semaines en semaines les turfistes avertis, convaincus peu à peu par cette politique inflationniste... qu'il n'y a plus rien à comprendre aux courses ! Allez leur expliquer le contraire face à des programmes de courses à l'étranger où personne ne connaît les chevaux et les professionnels ? 

La force des courses hippiques, c'était un ensemble bien dosé qui comptait, parmi ses ingrédients majeurs et indispensables, le raisonnement. Apprendre à connaître les habitudes des uns et des autres, leurs aptitudes, leurs périodes de forme, leurs caractères... Tout cela est en train de partir en fumée et ne reste valable que dans quelques compétitions, raison pour laquelle le turfiste est contraint, sauf addiction maladive ou porte monnaie indéfiniment extensible, de faire des choix. En conséquence, l'augmentation de l'offre ne peut compenser la baisse des enjeux sur les quelques courses demeurant intéressantes en raison d'une autre cause dévastatrice : le manque de participants, un autre ingrédient majeur pour la réussite ! Maintenant que les hausses mécaniques (amélioration de l'informatique, du confort de jeu, des horaires, du nombre de points de vente) ont atteints leur plafond, le leurre de la hausse des enjeux que l'on attribuait, par confort parfois, par malhonnêteté intellectuelle souvent, à la politique de l'inflation de réunions de courses, se dissipe et la réalité se révèle aux yeux de tous, même si certains refusent encore de voir l'évidence. On se souvient encore très récemment du satisfecit général suite à la publication des enjeux PMU et de chiffres en trompe l'oeil. La technique a commencé en 2010 par l'omission de préciser que l'État avait fait cadeau, suite à l'ouverture des paris en ligne, d'une part de ses prélèvements, pour cent millions d'euros par an environ ! Un détail... Plus récemment, suite au chiffre d'affaires du premier semestre, le maquillage a encore fonctionné face à une presse qui semble tellement consentante qu'elle ne joue même plus son rôle de vérification. Manque de temps ? Manque de volonté ? Silence complice pour bénéficier d'un maximum de budgets publicitaires ? Allez savoir... Toujours est-il qu'en se contentant des propos des attachés de presse officiels, on retarde le jour où l'on prendra le problème à bras le corps pour trouver des solutions qui seront alors, comme toujours lorsqu'on laisse la situation se dégrader, plus douloureuses. Rappelons que le C.A. des six premiers mois 2013 révélait une baisse des enjeux hippiques en France de 3,8% à 4 milliards 643 millions, ce qui n'est pas rien. Une baisse hélas pas compensée par les enjeux venus de l'étranger (développement clé pour l'avenir que de faire jouer l'Europe sur les belles courses françaises), même si désormais les investissements issus de la Belgique, de l'Allemagne, de l'Afrique du Sud, de la Suisse, ont été renforcés par l'acquisition, par le PMU, de l’opérateur belge Eurotiercé en avril. Malheureusement, cette politique utile et indispensable de développement à l'étranger (le Quinté+ a été lancé en Grèce au mois de juin) n'a pas suffit à compenser la fonte des neiges des parieurs français qui s'est encore confirmée de manière importante en juillet. 

Dès lors, et pour en revenir à notre introduction, comment un dirigeant peut-il se réjouir d'une hausse de 8% portant sur une réunion de réouverture à Vincennes, sans tenir compte des évolutions 2012/2013 ? En effet, cette hausse n'a rien d'enthousiasmante quand on observe qu'entre ces deux réunions le nombre de participants n'était pas le même, 89 en 2012, 94 en 2013 mais surtout que le nombre de jeux était bien supérieur cette année avec 4 Multis ou Minis Multis et 1 Classic Tiercé supplémentaires sur 2012 ! Ce qui aurait dû créer une hausse substantielle et non un piètre “+ 8%”. D'ailleurs, comment se vanter des enjeux de la journée de lundi après avoir fait un choix de Quinté si pitoyable (course de mauvais 4 ans face à de bons chevaux d'âge) ? 

La mauvaise foi devrait avoir des limites et plutôt que de la cultiver, il serait grand temps de se mettre autour d'une table et de regarder les vérités en face. Afin d'éviter, par exemple, le pathétique samedi qui s'annonce aujourd'hui à Vincennes, avec une moyenne inférieure à onze partants (heureusement que le Quinté n'était pas prévu au trot !), un seul vrai Multi (14 partants) dans une course de drivers amateurs... Manque de participants si flagrant qu'aucun Pick5 n'a pu être organisé à Paris et sera couru à Cagnes (également avec 14 partants), la moyenne des autres courses étant là encore inférieure à onze... La faute à trop de courses, trop de sollicitations des chevaux et des professionnels qui ne peuvent plus être partout... D'ailleurs, et pour conclure sur ce week-end, est-il judicieux de programmer le Grand prix de Cagnes-sur-Mer (3è étape du Trot à Grande Vitesse) le même jour qu'une réunion à Vincennes ? Cette simple constatation suffit à réaliser qu'il y a du travail à faire sur la cohérence des programmes.

En conclusion, il semble qu'en excluant (par mauvaise foi ou manque de courage) de traiter les problèmes à la source, en persistant dans l'hallucinant système opaque des conflits d'intérêts et de la cooptation qui règnent sur les courses en France, en confortant l'incompétence d'une grande partie de ceux qui ont des responsabilités (juges et commissaires notamment), en osant dénigrer le rapport Augereau au profit d’un Comité qui n’avait plus rien de stratégique et nous a gratifié dans sa grande ligne d’un “Il faut mieux gérer et rationaliser les dépenses pour donner plus de moyens aux acteurs des courses...”, et en dédaignant d'entendre les parieurs qui financent l'institution (voir ci-dessous le communiqué de l’Association Nationale des Turfistes), nous pouvons en conclure, à notre grand regret, que les courses en France filent un mauvais coton...