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Points de vue sur le monde des courses hippiques : 

un regard sans concession

Passionnée, l'équipe de journalistes vous propose de tout savoir sur l'organisation, les compétiteurs hommes et chevaux mais aussi sur les abus, les privilèges... Par le biais d'articles de fond sur des faits récents, ou de dossiers sur les grands sujets qui font débat, un seul objectif : que les turfistes passionnés puissent tout savoir et ainsi avoir un jugement s'appuyant sur... la vérité.

Le maître mot, trop souvent oublié par la presse.

 Articles rédigés par Patrick LANABÈRE

 (copies sous réserve d'autorisation)

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CONTRAIREMENT AUX APPARENCES, LES ENJEUX RÉVÈLENT UN GRAND MALAISE...

19/07/2013

Le communiqué officiel du PMU, publié la semaine précédente, sur les résultats du premier semestre d’activités offrait deux lectures. En voici les grandes lignes : “Légère décroissance de l’activité hippique en france” , “Forte dynamique de croissance de l’activité hippique internationale” , “pmu.fr conforte sa position de leaders des jeux en ligne. Suivi de notre analyse :  à lire ce communiqué, on pourrait croire que tout va plutôt bien dans un monde extrêmement difficile ; pourtant...

“Légère décroissance de l’activité hippique en france”.

Les enjeux hippiques baissent de 0,6 % au 1er semestre 2013, à 4,933 milliards d’euros. Le produit brut des paris est en croissance de 0,4 % et atteint 1,257 milliard d’euros. L’activité du réseau de points de vente affiche sur la période une baisse d’activité de 4,1 %. En effet, compte-tenu de la forte dégradation économique et notamment de l’augmentation notable du chômage, les clients du PMU ont adapté leur consommation. Cela se traduit par une baisse du nombre d’actes d’achat (-2,5 %), combinée à une érosion du ticket moyen (- 1,4 % à 11,8 euros).

 

“Forte dynamique de croissance de l’activité hippique internationale”

Au plan international, l’accélération du développement initié en 2012 se poursuit et permet de compenser en grande partie la décroissance de la France. Au total, les paris pris à l’international en masse commune sur les courses françaises ont bondi de 110 % à 288,7 millions d’euros, portés par la Belgique, l’Allemagne et l’Afrique du Sud. Cette activité a quadruplé en l’espace de deux ans et constitue un important relais de croissance pour l’entreprise. De nouveaux marchés sont également en cours de développement comme en Belgique avec l’acquisition de l’opérateur Eurotiercé en avril, et en Grèce où le Quinté+ et la Tirelire ont été lancés en juin. 

 

“pmu.fr conforte sa position de leaders des jeux en ligne”

L’activité Internet (hippique, sportif, poker) est en croissance de 5,7 % pour un chiffre d’affaires de 868 millions d’euros. Pmu.fr reste le premier site de pari en France, avec une part de marché globale de 44 %, confirmant sa place de numéro un sur le pari hippique (83,6 % de parts de marché en produit brut des jeux), de numéro deux en paris sportifs et de numéro trois dans le poker

- Les paris hippiques totalisent 495 millions d’euros d’enjeux,en hausse de 1,1 % ;

- Les paris sportifs progressent de 18,3 % pour un montant d’enjeux de 95,3 millions d’euros ;

Ces résultats s’appuient notamment sur la très forte croissance des paris pris sur mobiles ou tablettes qui représentent désormais 15 % des enjeux hippiques et 25 % des enjeux sport. Le PMU poursuit sa conquête de parts de marché sur ces nouvelles activités (atteignant 26 % pour les paris sportifs et 8,4 % pour le poker) en proposant aux joueurs des innovations telles que de nouvelles applications pour les terminaux nomades.

Activité du 1er semestre 2013 (en millions d'euros) au 30 juin 2013 et évolution :

* Enjeux totaux 5 305,7 + 0,2 %

* Enjeux hippiques 4 932,5 - 0,6 %

dont enjeux France 4 643,8 - 3,8 %

dont enjeux International 288,7 + 110,9 %

* Produit brut des jeux total 1 286,7 + 0,8 %

* Produit brut des jeux des activités Internet 144 + 4,8 %

 

À lire ce communiqué, on pourrait croire que tout va plutôt bien dans un monde extrêmement difficile. Pourtant, la présentation de ces chiffres mérite quelques remarques, comme la progression des prises de paris à l’international. Qu’ils soient en hausse, quoi de plus normal ? L’offre a été augmentée dans des proportions délirantes et le +110,9% obtenu en terme d’enjeux est logique. Dès lors, ce résultat doit être relativisé. De plus, il ne faut pas oublier que cette réussite est factice en terme de masses. En effet, avec près de 289 millions, ces enjeux ne représentent pas grand-chose comparés aux plus de 4 milliards 900 millions de la masse totale hippique !

 

À relativiser également les enjeux internet qui, s’ils sont un progrès nécessaire et indispensable, ne représentent, malgré une progression de 1,1% mise en évidence par le PMU, que 495 millions, soit 10% environ du total. Sans perdre de vue les chiffres communiqués par l’ARJEL -autorité responsable des paris en ligne- qui précise dans sa globalité que le montant des mises de paris hippiques en ligne a diminué de 2% au deuxième trimestre 2013 par rapport au deuxième trimestre 2012, enregistrant ainsi sa première baisse depuis l'ouverture du marché français aux jeux en ligne en 2010. Pas de quoi donc se réjouir réellement. 

Il faut donc, côté courses, se concentrer sur la masse globale et ne pas se laisser griser par des petites hausses (et encore...) dans des compartiments qui ne restent que des niches comme les enjeux internationaux. 

 

Le +18% des paris sportifs ne doit pas non plus faire oublier que ces enjeux sur les sports ne représentent que 95 millions d’euros. Soit moins de... 2% des enjeux totaux de plus de 5 milliards ! La vérité du PMU est donc sur la forte majorité de la masse, celle des paris hippiques qui eux sont en baisse de 0,6% en global, de 3,8% en France. C’est une somme à mon sens plus révélatrice du contexte. Comme je l’ai déjà écrit, la crise ne peut être l’alibi dans le secteur des jeux... ou ce serait une première dans l’histoire. Pour ma part, cela fait des mois que j’affirme contre vents et marées que la stratégie du plus de courses et du plus de jeux par course est une erreur. Malheureusement, la baisse globale et notamment dans le réseau en dur, les points courses (-4%) démontre que le ras le bol des turfistes se traduit maintenant par une fuite. Une clientèle qui, de plus, ne sera pas renouvelée faute de fréquentation des hippodromes...  Je tire donc le signal d’alarme une nouvelle fois. La boucle est en passe d’être bouclée et si aucun dirigeant ne prend le taureau par les cornes pour rectifier le tir, nous allons à la catastrophe. Les solutions existent, mais il faut pour cela ne pas se voiler la face, savoir reconnaître ses erreurs, et travailler avec l’ensemble des acteurs, y compris la presse indépendante qui a tout intérêt à ce que le secteur se porte le mieux possible car contrairement au quotidien hippique créé par les institutions, la presse privée indépendante ne peut se permettre de présenter des comptes déficitaires de plusieurs millions d’euros. Il y a deux ans, j’ai rappelé un vieux proverbe plein de bon sens : “Il faut voir le bon chemin avant que la charrue ne chavire”. Il est plus que temps de l’appliquer.