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Points de vue sur le monde des courses hippiques :
un regard sans concession
Passionnée, l'équipe de journalistes vous propose de tout savoir sur l'organisation, les compétiteurs hommes et chevaux mais aussi sur les abus, les privilèges... Par le biais d'articles de fond sur des faits récents, ou de dossiers sur les grands sujets qui font débat, un seul objectif : que les turfistes passionnés puissent tout savoir et ainsi avoir un jugement s'appuyant sur... la vérité.
Le maître mot, trop souvent oublié par la presse.
Articles rédigés par Patrick LANABÈRE
(copies sous réserve d'autorisation)
(0,80 € la minute)
21/04/2018
Évidemment, en ce week-end de premier tour des Présidentielles, et avec la vague d’attentats meurtriers qui désormais fait partie de notre quotidien, difficile de ne parler que de courses hippiques. Mais pour supporter la politique -où plutôt ceux qui en font leur métier-, pour supporter les horreurs de criminels de droit commun qui s’abritent derrière des religions pour assouvir leur soif de haine, il faut, pour ne pas que notre cerveau explose, des dérivatifs. Les animaux en font partie, eux qui ne nous déçoivent jamais ou alors sans le vouloir… C’est la différence fondamentale avec l’Homo sapiens dont nous sommes. Les animaux ressentent certaines choses comme nous : le stress, la peur, la douleur, l’injustice -prouvé scientifiquement.
À ce titre, et au vu de ce qu’ils nous apportent de joies, de réconfort, de fidélité, il est curieux qu’une partie de ceux qui prétendent gouverner notre république en parle peu, ou pas du tout. Pire, certains arrivent encore à nous expliquer que certaines barbaries, type corrida, doivent demeurer au nom de la tradition. Doit-on rappeler à ce sujet la chanson de Francis Cabrel et son implacable « Je ne pensais pas que l’on pouvait autant s’amuser autour d’une tombe… »? Doit-on énumérer ici les traditions du passé, aujourd’hui heureusement pour certaines interdites ou tombées dans l’oubli, qui ne sont que douleurs, atteintes physiques, voire tortures sur l’humain pour démonter de tels arguments, en fait purement électoralistes ? On sait évidemment que prendre partie pour ou contre un usage a des effets sur les votants, les conseillers en «com» l’expliquent à longueur de journée. Est-ce la raison pour laquelle la plupart des femmes et hommes politiques n’osent plus grand-chose ? Possible…
Côté courses hippiques, ces «politiques» n’ont même pas cette excuse, tant les élections y sont secondaires, le milieu étant dirigé telle une monarchie, par quelques «grands chefs» qui tiennent les rênes sans partage. Renforcés par un système de cooptation qui leur permet de régner sans partage.
DÉGRINGOLADE(S). Voilà pourquoi le système courses est totalement figé en France. Figé dans son fonctionnement d’auto-protection, des dirigeants aux commissaires en passant par les bienveillants médias… Et rien ne change malgré un réseau hippique en chute libre et en flagrant délit de dégringolade(s). Tout d’abord du nombre de parieurs, à avoir voulu concurrencer la loterie au lieu de tout miser sur la spécificité de la compétition entre athlètes, insuffisamment mise en valeur.
Dégringolade de transparence, pour avoir voulu mettre sous le tapis tout ce qui dérange -accidents, gestion des chevaux après carrière avec une propension à favoriser, en “sous-marin” la consommation de viande de cheval.
Dégringolade d’envie, jusqu’à saturation parfois à avoir multiplié l’offre sans raison gardée, politique de court terme sans perspectives d’avenir qui a rendu la clientèle volatile, et donc infidèle et surtout non renouvelable, une faute majeure quand on est aux manettes d’une telle filière.
Dégringolade des enjeux, pour avoir, par la multiplication de l’offre et de jeux stupides, dilué les masses à rendre les rapports inintéressants.
Ajoutons à cela un déficit d’image, ringarde dans ses couvertures audiovisuelles. Et déficit de compréhension dans un système de juges et partie jamais remis en cause officiellement, ou de lutte anti-dopage totalement sous contrôle des organisateurs, donc sans regard indépendant extérieur ; ce qui empêche de lutter, comme les autres vrais sports, contre les trafics éventuels de produits interdits via des enquêtes de police par exemple.
Déficit de cohérence aussi, sans notion de calendrier, de dates, d’horaires. Sans notion de programme intelligent (handicaps pousse au vice, rapport gains/allocations sans queue ni tête); sans notion de sélectivité des parcours, des hippodromes -comme l’a justement mis en évidence Vincent Lahalle sur Équidia le week-end dernier dans le cadre d’un «Flop» pertinent- avec de nombreuses arrivées où c’est trop rarement le meilleur qui gagne.
Déficit de respect, envers son client prioritaire, le turfiste. Celui qui devrait être au centre de toute l’attention, de toute décision, de toute réflexion, et qui n’est en fait jamais considéré alors qu’il est le seul pilier sans qui tout s’écroule ! Nous devons en fait demeurer le dernier domaine “financier” où la considération du client est totalement absente...
Alors faut-il encore espérer ? À lire cette première partie, on peut en douter. On peut même se demander s’il faut continuer de jouer aux courses. La réponse est oui. Par masochisme ? Nullement… Mais par optimisme. Il y a en effet encore de belles épreuves -qui gagneraient à être regroupées le week-end afin qu’un panel de public le plus large possible en profite-. Il y a encore des professionnels dignes d’intérêts, qui ne doivent pas payer pour les quelques brebis galeuses ou tricheurs inévitables en tous domaines. Il y a encore de grands chevaux, à l’image de BOLD EAGLE, qui déplace les foules et « boost » la passion (et les enjeux) à chaque sortie publique. Et il y encore de quoi s’amuser en jouant aux courses, de quoi même gagner… À condition de savoir sélectionner. Le maître mot. Il faut en effet, et ce sera ma conclusion en tant que journaliste et pronostiqueur hippique, sélectionner les courses dans lesquelles investir, afin d’éviter les pièges et sélectionner, comme en tous domaines là encore, son ou ses médias, afin de faire la distinction entre les ceux qui informent et analysent pour tenter de trouver la bonne solution, et ceux, les «bateleurs» , qui ne sont là que pour inciter sans cesse et sans discernement… Finalement, c’est un peu comme en politique.