C'est la reprise !
Bibliothèque
Pour découvrir une sélection de nos
POINTS DE VUE publiés les années précédentes, cliquer sur une période.
Points de vue sur le monde des courses hippiques :
un regard sans concession
Passionnée, l'équipe de journalistes vous propose de tout savoir sur l'organisation, les compétiteurs hommes et chevaux mais aussi sur les abus, les privilèges... Par le biais d'articles de fond sur des faits récents, ou de dossiers sur les grands sujets qui font débat, un seul objectif : que les turfistes passionnés puissent tout savoir et ainsi avoir un jugement s'appuyant sur... la vérité.
Le maître mot, trop souvent oublié par la presse.
Articles rédigés par Patrick LANABÈRE
(copies sous réserve d'autorisation)
(0,80 € la minute)
08/10/2017
On a pu lire cette semaine, dans ce qui était autrefois « la bible », que les enjeux de l’Arc 2017 avaient été décevants, en tant que course support du quinté. C’est vrai. Si l’on compare le quinté seul en 2016, et celui de dimanche dernier, on s’aperçoit qu’il y a un manque à gagner conséquent : plus de 530.000 € avec 18 participants contre 16 l’an passé. Côté paris simples, l’autre belle recette sur une course PMU, les chiffres sont également en baisse cette année, avec cette fois une perte de plus de 450.000 € ! Alors penchons-nous sur les deux dernières éditions de l’Arc.
En 2016, la course était-elle plus attrayante ? La réponse est non. Le favori était britannique (POSTPONED terminera cinquième), cette année également avec la présence d’une pouliche hors normes sportivement parlant : ENABLE. Ce qui pouvait rendre la course de cette année encore plus belle. En 2016 il y avait huit concurrents entraînés en Grande-Bretagne, soit la moitié. Cette année, huit également. Un allemand était au départ lors des deux éditions. En revanche, deux japonais (dont un cheval de jeu) cette année contre un l’an dernier. Ce qui ne change pas grand-chose à la statistique.
Côté scandale du cheval de jeu dans un quinté, là encore rien n’avait changé, un chaque année… Côté chevaux entraînés en France, les deux courses étaient donc similaires, avec 7 cette année, contre 8 l’an passé… dont un cheval de jeu !
Dès lors, le tableau était semblable lors de ces deux éditions. Alors comment analyser cette baisse importante (8% environ au quinté) ?
Le simple constat est qu’avec seize partants, l’édition 2016 a fait plus d’enjeux que celle de 2017 avec 18 concurrents… Faut-il s’arrêter à cette lecture simpliste ? Évidemment non…
De là à ce que certains osent laisser entendre que les courses à seize partants fonctionnent mieux que celles à dix-huit, il n’y a qu’un pas, que certains dirigeants n’hésitent pas d’ailleurs à mettre en avant afin de masquer une incompétence à analyser ce qui peut attirer un turfiste ; ce qui peut l’inciter à jouer ou pas. Et il n’y a que des technocrates, sans aucune connaissance hippique autre que celle des chiffres, qui peuvent utiliser un tel argumentaire…
Pour nous, la lecture « turfiste » est simple mais beaucoup plus inquiétante.
Tout d’abord, côté médias, et notamment la chaîne des courses, la couverture a été très satisfaisante comme depuis quelques années. Il est toutefois à noter que des plans d’économie sont mis en place de ce côté et si cette couverture venait à perdre en qualité, faute de budget, il est évident que cela aurait un impact négatif. Tout le monde sait pertinemment que proposer un spectacle est une chose, mais le mettre en valeur et bien le présenter en est une autre. Si personne n’est attiré par les présentations en amont, la sauce ne prend pas…
D’ailleurs dans cette lecture purement commercial et médiatique, nous mettions en évidence, samedi dernier, les lacunes de la campagne d’affichage pour les grandes villes, choisie par France-Galop. Pour la première fois, l’affiche ne mettait aucunement en valeur le cheval, qui reste pourtant l’atout numéro 1 de notre sport hippique. Voilà un effet qui a pu avoir un impact sur les enjeux ; et si du côté de France-galop on nie cette évidence, on peut aussi nous dire qu’une campagne d’affichage n’a donc pas d’importance…
Cette « bourde » qui a donc eu pour effet de ne pas atteindre la cible visée, à savoir le grand public, porte une part de responsabilité à cet échec 2017.
Si le nouveau public, ponctuel, n’a pas répondu présent, cela veut donc dire que les enjeux se sont fait sur des turfistes plus aguerris. Qu’il s’agisse du parieur du dimanche, pour qui l’Arc représente tout de même quelque chose d’exceptionnel, ou le parieur régulier qui, quoi qu’il arrive, se passionne pour une telle compétition avec les meilleurs purs-sangs, et les meilleurs jockeys du monde.
La conclusion est donc simple, et confirme ce que l’on annonce dans ces colonnes depuis plusieurs saisons : le parieur régulier disparaît peu à peu… Ou il joue moins !
Dans un cas comme un autre, c’est extrêmement inquiétant et ne pas se poser les bonnes questions est inconséquent à l’heure où la filière est en danger, de par la concurrence des paris sportifs notamment.
Notre lecture « turfiste » de cette baisse d’enjeux est pragmatique. Ainsi faut-il se poser quelques questions, récurrentes dans ces colonnes, mais que les dirigeants et hauts responsables refusent de se poser et pour cause, cela remet en question les règles qu’ils établissent et les stratégies qu’ils adoptent depuis toujours ! Côté « image » tout d’abord et vous l’aurez compris, il faut que ces épreuves phares prennent un relief particulier pour le grand public. Cela tourne uniquement autour des acteurs principaux, chevaux et jockeys ! Et à ce niveau, l’utilisation faite de la chaîne grand public (LCI) au quotidien est déplorable. C’est un copié-collé en miniature de ce que propose Équidia (avec d’ailleurs les mêmes chroniqueurs le plus souvent) et c’est surtout un modèle qui, s’il est excellent sur la chaîne spécialisée, n’est guère adaptée à une chaîne grand public. À quoi sert, par exemple, d’inciter à jouer ou livrer un pronostic lorsque les chevaux vont s’élancer ? Pourquoi ne pas prendre systématiquement l’angle qui viserait à faire aimer les courses : le quotidien des chevaux, des jockeys, mais aussi des lads, des éleveurs, des propriétaires. Bref de tous ceux qui font les petites histoires que le grand public ignore… Un beau gâchis.
LES JEUX
Évidemment, analyser une baisse des enjeux sans évoquer les paris proposés et la manière dont ils sont proposés serait illusoire. C’est pourtant ce qu’il se passe dans le cercle fermé de la filière hippique. Personne ne remet en cause le modèle économique, axé essentiellement sur le chiffre et le nombre. Chiffre d’affaires car pour maintenir, voire augmenter un temps (artificiellement car ponctuellement) les mises, on a sacrifié ce que je nomme depuis longtemps le « ressenti-parieur ». Tant que les instances n’accepteront pas de traiter ce problème, les courses hippiques continueront de chuter dans l’océan d’accroches ludiques proposées de toutes parts aujourd’hui. Vouloir par exemple concurrencer le pari sportif, on ne peut plus simple (1N2 notamment) en maintenant le jeu hippique dans la complexité actuelle est évidemment voué à l’échec. À l’image de la course du quinté pour laquelle sont proposés 11 jeux… Et 21 rapports différents !
C’est une usine à gaz à laquelle aucun nouveau joueur ne peut rien comprendre. Il est aujourd’hui quasiment impossible d’envoyer un néophyte dans un PMU afin de tenter de comprendre comment et à quoi jouer ! Tiercé, quarté, quinté, multis, couplés, gagnant, placé ?
Les dirigeants sont-ils aveugles ou refusent-ils de voir la vérité en face ?
Pourtant, la réponse à cette problématique nous la soulevons depuis plusieurs années, à savoir une réforme totale du jeu phare, le quinté qui offre déjà à lui seul cinq rapports. Il faut le simplifier, et nous avons pour cela fait des propositions concrètes visant notamment à le regrouper afin de le rendre moins hermétique au nouveau public, totalement effrayé par la proposition actuelle. Mais à ce jour, et plusieurs années plus tard, nous n’avons eu aucune réaction d’un dirigeant quel qu’il soit…
Autre sujet à aborder d’urgence, qui celui concerne davantage les joueurs plus aguerris, que l’on perd peu à peu, les règles, souvent injustes et incompréhensibles. Nous en avons fait changer quelques-unes, mais si peu. Le chantier est encore très vaste. Mais pour ne citer qu’un exemple, si évident que ne pas s’y atteler est de la pure incompétence ou ignorance, reparlons de la règle écuries jeu simple (2è des 11 paris proposés en terme de volume). Il faut soit les supprimer, car totalement incompréhensibles, soit revenir à la règle satisfaisante du passé que certains ont cru bon de modifier pour la dégrader… Ainsi, et pour en revenir aux enjeux sur l’Arc, on observe que c’est le jeu simple gagnant (le seul concerné par les écuries) qui a lourdement chuté…
Près de 250.000 € de moins au simple gagnant (-20%) alors que la présence de la championne ENABLE aurait dû les booster (comme BOLD EAGLE le fait au trot par exemple). Faut-il simplement le constater ou observer que, cette année, il y avait 8 chevaux sous 4 écuries dont celles incompréhensibles des O’Brien ? (Voir la encore notre édition du week-end dernier).
En 2016, il n’y avait qu’une seule écurie, comportant un cheval de jeu donc sans influence…
Maintenant, on peut continuer de nous affirmer que c’est un pur hasard… comme toujours, même si les simples placés n’ont eux baissé que de 101.636 € (environ -9%). Cherchez l’erreur !
En résumé, nous le réaffirmons chiffres à l’appui, si des réformes en profondeur ne sont rapidement mises en chantier, les courses hippiques ne pourront exploiter leur réel potentiel, si mal exploité en tous domaines que la filière toute entière est en train de vaciller. Et comme je l’ai déjà écrit maintes fois, que les socio-professionnels ne s’y trompent pas : ils sont les premières victimes et sont d’ailleurs nombreux à plier boutique. L’hémorragie est en cours car le joueur lui, est là pour s’amuser. S’il ne s’amuse plus ou a l’impression d’être pris pour une vache à lait, il va voir ailleurs.