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Points de vue sur le monde des courses hippiques :
un regard sans concession
Passionnée, l'équipe de journalistes vous propose de tout savoir sur l'organisation, les compétiteurs hommes et chevaux mais aussi sur les abus, les privilèges... Par le biais d'articles de fond sur des faits récents, ou de dossiers sur les grands sujets qui font débat, un seul objectif : que les turfistes passionnés puissent tout savoir et ainsi avoir un jugement s'appuyant sur... la vérité.
Le maître mot, trop souvent oublié par la presse.
Articles rédigés par Patrick LANABÈRE
(copies sous réserve d'autorisation)
(0,80 € la minute)
29/01/2017
Vaste question... Un article de Paul Essartial -ancien Président de la SECF (Le Trot) durant près de cinq ans fin des années 90-, publié dans le cadre d’une série de cartes de vœux, a récemment attiré mon attention. Issu d’une grande famille du trot (sinon la plus grande à l’échelle du nombre dans les instances au cours du 20è siècle !), Paul Essartial, éleveur-propriétaire-entraîneur à la base, est issu de l’arbre généalogique des “Viel”. Il est un neveu d’Albert Viel (autre Président en son temps de la SECF…) et fut à l’origine de quasiment toutes les grandes décisions prises par les dirigeants ces vingt dernières années. Parfois à la lumière, parfois dans l’ombre. Avec comme résultat du bon… et du moins bon! Et surtout très souvent des « doubles-intentions » présumées.
Ainsi, en 1994, il participe à la création de France-Courses, qui deviendra Equidia. Il est alors capital d’apporter des images à un milieu qui n’en avait pas. D’ailleurs, quand on parle du boum des enjeux, on oublie un peu vite l’impact évidemment très positif de cette “vitrine” qu’est la télévision, avec une chaîne qui retransmets toutes les courses alors que précédemment il n’y avait rien d’autre médiatiquement, que le tiercé quotidien. On oublie donc un peu vite qu’auparavant, on attendait les résultats devant un télex, dans les bars-PMU, que les numéros s’affichent via l’Agence France Presse. Quel a été impact sur les enjeux de ce progrès monumental ? Énorme bien sûr. Une hausse mécanique grâce à cette nouvelle vitrine essentielle ! Mais en “seconde intention”, Paul Essartial savait aussi, lui qui détestait répondre aux interrogations des journalistes indépendants (j’en sais quelque chose), qu’en devenant propriétaire et gestionnaire, avec France-Galop et le PMU, d’une chaîne de télévision, il allait aussi alors contrôler le discours médiatique télé. On n’est jamais si bien servi que par soi-même...
Trois ans plus tard (1997), Paul Essartial va créer le premier conseil régional des chevaux en Basse-Normandie, pour réunir toutes les familles du cheval : trot, galop, sports équestres. Il en sera Président durant près de huit années. Il est également à la création de la Fédération Nationale des Conseils des Equidés, qu’il préside aussitôt ! Il est aussi à l’origine de la création du fonds EPERON, dédié au développement de la filière équine.
CONCENTRATION DES POUVOIRS
Aujourd’hui officiellement à la retraite, il a, ou a eu de multiples casquettes, notamment administrateur au PMU et au Cheval Français (Le Trot) où il a toujours fait partie, après sa présidence, des personnages les plus influents. Témoin son rôle majeur lors de la publication du rapport Augereau, qui contestait notamment cette emprise de quelques personnes sur toutes les décisions. Voici, pour mémoire, quelques morceaux d’une interview de Daniel Augereau (membre aujourd’hui de France- Galop) dans Le Figaro, en 2013, suite à la “manipulation politique” qui avait enterré son rapport : « Dans ce monde des courses pétri de traditions, toute remise en cause du système est ignorée car l’institution formatée par un conservatisme séculaire d’une autre époque demeure allergique à toute réforme et refuse de comprendre que la paille des chapeaux de Chantilly n’est pas celle des écuries ». Ou « Les propositions faites dans mon rapport ont été rejetées par les deux Présidents des sociétés de courses comme a été passée sous silence l’opacité de leur gouvernance dans la gestion des 800 millions d’euros, dont ils bénéficient par le biais du jeu, suscitant de nombreux conflits d’intérêts ».
Si Bertrand Bélinguier -au PMU puis à France-Galop- et Dominique de Bellaigue (Le Trot) ont fait étouffer ce rapport, on note que le Sénateur Dupont, proposé pour “pondre” en urgence un autre projet que je qualifie de leurre, est un proche de Paul Essartial en Normandie. On a donc désigné, à la tête du Comité Stratégique sur lequel est fondée la politique d’urgence des courses, Ambroise Dupont, aussi membre coopté de “Le Trot” qui fut, pour l’anecdote, parrain de Paul Essartial à l’occasion de sa nomination dans l’ordre national du mérite…
Enfin n’oublions pas qu’au tout début de ce parcours “politique”, ce dernier fut l’un des artisans de la réforme de 1983, qui avait donné tous pouvoirs, par sa nouvelle organisation, aux socio-professionnels, du moins à ceux qui avaient le plus d’influence. Avec au sein du Comité de nombreux représentants de quelques familles “régnantes”... Ce qui n’a guère changé depuis. Voilà pour le portrait de Paul Essartial, vu par le prisme d’un journaliste indépendant.
VOEUX SURRÉALISTES D’UN HOMME CLÉ
Un homme passionné mais qui, à mes yeux, a tous les aspects du “politique”, et ses vœux 2017, que j’évoquais au début, en sont le parfait résumé. Jugé plutôt par ces quelques extraits :
« Ce que je souhaite pour 2017, de mon point de vue politique, c’est la consolidation de ce qui a déjà été accompli jusqu’ici, tant sur le plan économique que social, mais qui ne pourra se faire qu’à la condition que nos politiques - au-delà des courses - soient conscients de nos enjeux communs, afin qu’ils renforcent notre partenariat. Que ce soit à tous les niveaux, aussi bien celui des emplois, que du jeu… Je souhaite également que Le Trot et France Galop poursuivent leur collaboration en bonne entente, car c’est vital pour la survie des courses. Je souhaite que le PMU, toujours innovant, continue de donner satisfaction à des joueurs qui seront toujours de plus en plus nombreux et passionnés par notre sport et que celui-ci, que l’on a rendu irréprochable et inattaquable, persévère dans ce sens. »
Oui, vous avez bien lu. S’il y a des problèmes, ils viennent de l’extérieur du système ! Côté sociétés de courses et jeux, c’est performant et même “innovant” (il fallait oser). Les joueurs sont satisfaits et seront toujours plus nombreux (ce que les chiffres contredisent quotidiennement). Quant au “sport” hippique, il est “irréprochable et inattaquable” (no comment...).
Face à un tel constat, si loin des réalités et d’un autre temps, teinté de l’habituel sous-entendu “Circulez, y’a rien à voir”, le journaliste indépendant, non issu du sérail et amoureux des courses que je suis, se fait du souci pour la filière dont la survie ne dépend que d’elle... Mais je continue d’espérer tout de même, notamment en ce week-end qui s’annonce fantastique à Vincennes !