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Points de vue sur le monde des courses hippiques : 

un regard sans concession

Passionnée, l'équipe de journalistes vous propose de tout savoir sur l'organisation, les compétiteurs hommes et chevaux mais aussi sur les abus, les privilèges... Par le biais d'articles de fond sur des faits récents, ou de dossiers sur les grands sujets qui font débat, un seul objectif : que les turfistes passionnés puissent tout savoir et ainsi avoir un jugement s'appuyant sur... la vérité.

Le maître mot, trop souvent oublié par la presse.

 Articles rédigés par Patrick LANABÈRE

 (copies sous réserve d'autorisation)

N° Audiotel > 08.99.700.720

(0,80 € la minute)

TRICHERIE AVÉRÉE D'UN ENTRAÎNEUR DE GALOP

15/01/2016

AFFAIRE DE JEUX ? L’ASSOCIATION NATIONALE DES TURFISTES DEMANDE UNE ENQUÊTE APPROFONDIE !

L'affaire concerne un entraîneur qui a triché sur le poids porté par un galopeur, en retirant le tapis de plomb compensatoire du poids du jockey avant la course, et en le remettant juste avant de rentrer aux balances, après course. Une différence d’une quinzaine de kilos dans l’affaire mise à jour, qui s’est traduite par une victoire et de gros investissements au PMU sur ses chances vu la cote ! Une escroquerie qui n’a pas été traitée à la hauteur de l’événement, confirmant “l’omerta” qui règne dans notre secteur. Mais les parieurs ne sont pas dupes et ne pas vouloir faire toute la lumière sur cette affaire, sur le plan du jeu -via le PMU- est une erreur stratégique qui a des effets sur la confiance, donc sur les enjeux, comme cela avait été le cas lors d’une grosse affaire de course PMU truquée à Mons en 2013, que les autorités n’avaient pas pris en compte pour les joueurs, gagnants ou perdants... 

L’Association Nationale des Turfistes, qui vient de fêter ses 20 ans d’existence, confirme que toute la lumière doit être faite, après la disqualification du cheval, sur les enjeux de cette course. Voici le communiqué que leur Président, Éric Hintermann, nous a fait parvenir :

“L’affaire de la tricherie “Le Gaillard” mérite plus qu’une simple sanction, si sévère soit-elle.  Elle justifie une enquête approfondie, d’autant plus qu’il s’agit probablement d’une affaire de jeu puisque le gagnant, monté par une inconnue, a terminé à une cote de 5/1. Qu’on fait les commissaires et observateurs des courses ce fameux jour ? Où est passée la police des jeux? Qu’à fait le PMU ?  Qu’est-t-il advenu de la curiosité de la plupart des journalistes de la presse hippique institutionnelle? Tout doit être mis sur la table. Une enquête doit établir si d’autres cas de même nature se sont produits. On ne regagnera pas la confiance des turfistes qui se font de plus en plus rares en leur dissimulant la vérité. Ils ne seront rassurés que par une véritable enquête publique qui aille au-delà du cas sanctionné et qui permette, pour l’avenir, de corriger tout défaut de vigilance portant sur les jeux et la régularité.”.

  

UN SCANDALE NON TRAITÉ À SA JUSTE VALEUR…

Vu la gravité de cette affaire de jeux (appelons un chat un chat...), elle devrait faire grand bruit dans les médias, même si l’omerta va continuer probablement à s’appliquer autour du milieu hippique... Nous, comme d’habitude, irons au bout de cette histoire qui pose bien des questions et suscite bien des réformes même si en haut lieu, on va comme d’habitude minimiser l’impact sur les parieurs et le jeu, même si le cheval objet de cette tricherie a gagné à 6//1 en course PMU, alors qu’il n’avait pas la première chance et qu’il était monté par une cavalière sans expérience... C’est beaucoup d’argent, et sûrement pas celui du parieur lambda ! Nous sommes par conséquent bel et bien là au cœur d’un nouveau “délit d’initiés” qui pose de nombreuses questions... que personne dans les médias hippiques ne se posera probablement.


LA TRICHERIE “AU POIDS” EST-ELLE RÉPANDUE ?

Il faut notamment savoir si cette pratique de ne pas mettre le tapis de plomb -qui permet à une jockey beaucoup léger que le poids à porter par le cheval de par les conditions de course- pendant la course est nouvelle et si c’est le fait d’un seul entraîneur ? D’après un tout début d’enquête, il semble que non... ce qui est particulièrement inquiétant pour la régularité des courses en France et tant à prouver ce que nous affirmons depuis des années : tous les hippodromes en province (cela concerne aussi les courses à l’étranger) n’ont pas les structures, ni le personnel  nécessaires pour assurer une surveillance suffisante et un déroulement sans tâche des courses avec forts enjeux nationaux. Ce serait là l’occasion, comme le fut la course truquée de Mons -soigneusement minimisée par les instances et les médias complices- pour faire le ménage, changer les règles, jouer la carte d’une transparence rassurante.  Mais il y a fort à parier que, comme d’habitude, on va éteindre le feu, et prendre une nouvelle fois les parieurs pour des imbéciles... Lesquels, lassés, répondent par l’abstention, ou se détournent de leur passion initiale, ce qui est dramatique pour la filière hippique. 


L’EXEMPLE D’AUTRES SPORTS QUI ONT OSÉ METTRE LES PIEDS DANS LE PLAT...

Pourtant, les exemples à suivre dans d’autres domaines sont nombreux. C’est en effet en “balayant devant leur porte” et en jouant la transparence que d’autres sports ont rassuré, sans rien perdre de leur popularité, bien au contraire. En matière de cyclisme, la volonté farouche de lutter contre le dopage -pas facile- a fait évoluer les mentalités et rassuré les passionnés. Si rien n’avait été fait, à coup sûr, l’image aurait continué à se dégrader. Idem dans le football, concernant les arrangements de matchs... Là encore, la volonté de transparence, tout d’abord au niveau français, puis au niveau international, a contribué à rassurer le public potentiel joueur. Alors qu’on peut se demander comment les choses auraient évoluées si l’on avait pratiqué la politique de l’autruche, si chère à nos dirigeants hippiques ces dix dernières années. De toute évidence, la volonté de transparence, si elle fait mal sur le moment (comme une piqûre...) a la capacité de ramener la confiance chez les passionnés. Le foot l’a notamment démontré avec la volonté de laisser la presse indépendante faire son travail, entrer dans les vestiaires, commenter les compétitions avec franchise grâce aux “Ménès, Roustan et autres”, qui ont fait un bien fou à l’image du foot, de par leur franc-parler dans lequel les passionnés se reconnaissent, facteur essentiel pour la confiance envers les médias. D’ailleurs, il y a eu il y a peu un documentaire très intéressant sur l’Équipe 21 (tiens, tiens...) sur le bienfait médiatique des “Snippers  du commentaire sportif. Une évidence pour tous... sauf aux courses !


CHANGER D’APPROCHE...

Libre débat et transparence sont les deux facteurs majeurs que les dirigeants des courses ont refusé en bloc, persuadés que des journalistes “dépendants” et adeptes du “Pas vu pas pris” allait plaire. Mais ce n’est que ronron, brosse à reluire et ennui face à des événements que les parieurs ressentent et commentent entre-eux. Des faits qui ne sont quasiment jamais (ou mal) relayés dans la presse, notamment audio-visuel, souvent sous dépendance, et contrainte de respecter le financeur-annonceur. C’est flagrant en radio avec  RMC (même groupe que BFM qui va donc retransmettre le Prix d’Amérique). Il suffit d’écouter les consultants, Luis Fernandez et Brahim Asloum (dirigés par un chef d’orchestre dont on se demande s’il n’est pas l’un des nombreux attachés de presse des instances hippiques) quand ils parlent de courses ou de sport. Dès qu’il s’agit d’hippisme, on est dans la promotion et le “Tout va bien” ; surtout prendre soin de n’émettre aucune critique et de n’aborder aucun sujet qui pourrait vexer le sponsor où les socioprofessionnels qui ont le pouvoir aux sociétés de courses... L’émission est une incitation au jeu, un point c’est tout. Pourtant, dès qu’ils sont dans leur exercice, notamment le foot pour Luis Fernandez, alors là l’ancien international retrouve sa verve et son franc-parler que les auditeurs apprécient tant depuis des années ! Dommage. Personne, en haut lieu, n’a donc compris qu’il y aurait bien plus de retentissement et de succès (comme c’est le cas pour son émission de foot) si Luis Fernandez était dans le même état d’esprit... À condition bien sûr que ces consultants aient aussi un minimum de connaissances hippiques car entendre l’un d’eux parler de “Corbeau Bleu” en évoquant le jeune champion de Pierre Vercruysse, c’est drôle sur le moment, mais révélateur du niveau par ailleurs... Alors à quand une vraie prise de conscience pour redynamiser les courses hippiques ?