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Points de vue sur le monde des courses hippiques : 

un regard sans concession

Passionnée, l'équipe de journalistes vous propose de tout savoir sur l'organisation, les compétiteurs hommes et chevaux mais aussi sur les abus, les privilèges... Par le biais d'articles de fond sur des faits récents, ou de dossiers sur les grands sujets qui font débat, un seul objectif : que les turfistes passionnés puissent tout savoir et ainsi avoir un jugement s'appuyant sur... la vérité.

Le maître mot, trop souvent oublié par la presse.

 Articles rédigés par Patrick LANABÈRE

 (copies sous réserve d'autorisation)

N° Audiotel > 08.99.700.720

(0,80 € la minute)

Voir la vérité en face, se recentrer sur les fondamentaux et les turfistes

15/02/2014

Nos dirigeants sont extraordinaires de mauvaise foi. Plutôt que d’accepter de regarder ce qui cloche dans un système d’un autre siècle, ils rejettent toujours les responsabilités sur des facteurs extérieurs. À commencer par les sociétés de courses. Leurs carences techniques en matière de jeu leur fait très souvent choisir des courses sans intérêt et ils sont persuadés qu’en créant leur propre organe de presse écrite (Gény-Courses), après avoir créé une chaîne télé, cela suffira à compenser. Ils en sont encore à croire encore que la méthode Coué, qui consiste à dire que tout va bien et à faire présenter les courses par des “attachés de presse” qui n’hésitent pas à toutes les qualifier d’intéressantes pour tromper le public, va encore fonctionner longtemps. Ils se trompent, lourdement. Les turfistes, les vrais, quittent le navire peu à peu, que ce soit dans les points courses ou pire encore, sur les hippodromes...

En mettant tous leurs œufs dans le même panier, celui des joueurs de loterie, les dirigeants ont scié la branche sur laquelle le système est assis, voulant à tout prix conquérir la clientèle d’une FDJ qui elle, est dans son registre et présente un chiffre d’affaire en hausse constante, malgré la crise ! Une erreur stratégique suicidaire, qui commence à produire des effets qui pourraient être mortels à moyen terme.

Si les courses ne se recentrent pas de toute urgence sur ses fondamentaux, la filière hippique va connaître une crise majeure. Dans un contexte économique difficile, nul ne le nie, il faut être irréprochable dans ses choix stratégiques. Or, les courses étant dirigées par une poignée de socio-professionnels qui ont su endormir les quelques technocrates des Ministères de tutelle qui font le lien avec l’État, ces choix stratégiques se résument à une succession de décisions contre-productives qui ont, comme première cause la méconnaissance du turfiste. En ne lui reconnaissant ni le droit de penser, encore moins le droit de parole et de vote dans les grandes décisions, l’Establishment des courses hippiques se comporte comme une entreprise commerciale qui ne consulterait jamais son client cœur de cible ! Il n’est pourtant point besoin de sortir des grandes écoles commerciales pour savoir cela. Nos maîtres à penser sont tellement repliés sur eux-mêmes et leurs privilèges (ceux qui dirigent étant comme par hasard les grosses structures qui vivent très bien alors que les petites, qui composent 80% des acteurs propriétaires, éleveurs, entraîneurs, galèrent au quotidien...) qu’ils ne veulent surtout pas que l’on vienne s’immiscer dans leur politique. Au point de se demander si l’intérêt général est la motivation dominante...

Pourtant, si quelques dirigeants s’ouvraient un peu au monde turfiste, ils apprendraient que les deux points sur lesquels il faut en premier lieu intervenir, sont la transparence (le milieu a la réputation justifiée d’être opaque) et la régularité des compétitions. En essayant de brider ces deux facteurs essentiels, en compensant par une offre délirante incompatible avec le sérieux des résultats, ils ont récolté une crise de confiance, et des enjeux à la baisse. Les clignotants sont à l’orange depuis 2010, première année de recul du Chiffre d’affaire du PMU qui avait présenté un résultat net en amélioration de 60 millions d'euros... grâce à une baisse des prélèvements de l'État de 99 millions ! Ce qui veut dire que sans ce cadeau fiscal, le résultat net aurait été en baisse de près de 40 millions d’euros ! Personne n'a voulu voir la vérité en face. Personne sauf le gouvernement d'alors qui ordonna une étude à Daniel Augereau, lequel a brillamment cerné, en quelques mois, la réalité et proposait des pistes intéressantes pour enrayer la descente aux enfers. La vérité a là encore fait si peur que Daniel Augereau et son rapport ont été mis au placard au profit d'un Comité stratégique passé au tamis, édulcoré par les sociétés de courses elles-mêmes. Elles ne voulaient visiblement pas d'un audit technique et financier extérieur... Résultat des courses, rien n'a été fait. On a continué comme si tout allait bien ! Les clignotants sont maintenant proches du rouge et rien ne bouge. On continue les dépenses inutiles... On continue aussi avec les courses d’inconnus à l’étranger, parfois sans aucune garantie concernant le dopage et les “arrangements” possibles. On continue aussi à laisser en place un système qui pousse parfois les professionnels à “faire le tour” (voir ci-contre). On a laissé les courses se marginaliser sur l’Équipe21, qui n’est pas même reçue sur tout le territoire, laissant la place à la FDJ (voir la tribune de  Jean-François Pré) sur les chaînes à forte audience ! On a continué à organiser la promotion publicitaire sur le hasard, plutôt que d’utiliser la force de l’image du cheval, pourtant extrêmement populaire ! On a maintenu et même augmenté le nombre de jeux par courses au point de faire éclater les masses avec une conséquence dramatique, la baisse des rapports... Il y a, par exemple, dix jeux possibles (du “Simple” au “Quinté”) sur la course «événement» chaque jour. Certains dimanches, trois ou quatre courses proposent trois fois le même jeu : Classic Tiercé, Trio, Trio ordre ! On continue aussi de mettre en place des règles absurdes, comme sur les écuries ou transformations de paris. On valide aussi régulièrement des comportements incompréhensibles, comme celui de ces jockeys qui se relèvent loin du final, avec à l’arrivée un sentiment d’incompréhension. J’en passe, car la page entière n’y suffirait pas... Hélas, tous ces manquements, toutes ces fautes politiques et stratégiques ont un point commun : la non prise en compte du ressenti et de la pensée du client, qui partout ailleurs est roi, le turfiste. Il est urgent de corriger le tir.