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Points de vue sur le monde des courses hippiques : 

un regard sans concession

Passionnée, l'équipe de journalistes vous propose de tout savoir sur l'organisation, les compétiteurs hommes et chevaux mais aussi sur les abus, les privilèges... Par le biais d'articles de fond sur des faits récents, ou de dossiers sur les grands sujets qui font débat, un seul objectif : que les turfistes passionnés puissent tout savoir et ainsi avoir un jugement s'appuyant sur... la vérité.

Le maître mot, trop souvent oublié par la presse.

 Articles rédigés par Patrick LANABÈRE

 (copies sous réserve d'autorisation)

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STÉPHANE PASQUIER victime d'une suspension de 3 mois

09/08/2013

Les évènements. Le 11 Avril 2013, à Longchamp, Stéphane Pasquier se soumet à un prélèvement biologique qui révélera la présence de substances prohibées. Prélevé à nouveau neuf fois (entre le 26 Mai et le 8 Juin), les analyses révéleront l’absence de toute substance prohibée dans ces nouvelles analyses.

Le 27 et 28 Mai, deux tests capillaires sont pratiqués par deux laboratoires agréés. Tests qui révèlent tous deux que Stéphane Pasquier ne "consommait pas de substance prohibée durant les six derniers mois avant les tests".

Le 9 Juillet, la Commission médicale entend Stéphane Pasquier, qui nie toute consommation volontaire de la substance, mais qui apporte des informations complémentaires, d’ordre privé, qui expliquent l’hypothèse d une "contamination externe et par conséquent accidentelle". La Commission médicale, sur la base des constats et informations complémentaires, considère qu’il peut effectivement s’agir d’une contamination par contact avec une tierce personne, constatant que le jockey n'est pas être un consommateur volontaire de ladite substance. L'historique déresponsabilise par conséquent Stéphane Pasquier de toute faute volontaire, tout en mettant en évidence les doses infimes retrouvées. Tout cela aurait dû conduire les commissaires à une sanction d'avertissement (carton jaune) et non à une suspension (carton rouge) adéquat pour une infraction volontaire. 

ABUS DE POUVOIR

D'ailleurs, les commissaires, dans leurs attendus, reconnaissent "des circonstances factuelles avérées exceptionnelles", des "explications scientifiques approuvées par la commission médicale", "l’absence de consommation volontaire de substances prohibées par Stéphane Pasquier"... Pourtant, ils condamnent le jockey à 3 mois de suspension. Cela ne vous rappelle rien ? Moi, si...

C'est le type même de sanction "à la tête du client" semble-t-il, de celle qui avait notamment puni Yann-Marie Porzier durant des années, avec les graves conséquences que l'on sait, sans la moindre preuve. En République Française, il existe la présomption d'innocence, à France-Galop, c'est la présomption de culpabilité... pour certains !

En terme de justice, on sait aussi qu'en France, le doute demeure à l'accusé. Si les preuves ne sont pas avérées, ce doute doit profiter au suspect. Dans un domaine bien plus grave, l'affaire de la mère et de la fille disparues dans la région de Perpignan (dont le mari et père s'est suicidé et dont tout porte à croire qu'il n'est pas étranger à cette disparition, peut-être tragique), les enquêteurs se sont aperçus qu'en 2004, ce même personnage avait été soupçonné de la disparition de sa compagne de l'époque, une jeune femme que l'on a jamais retrouvée... Pourtant, les enquêteurs, faute de preuves concordantes, n'avaient pu inquiéter le suspect... Faute de preuves tangibles, il avait été laissé en liberté....

Le parallèle est osé et toute proportion doit bien évidemment être gardée. Mais cette triste actualité est là pour nous démontrer qu'en France, terre républicaine, on accuse pas formellement sans preuves avérées. Les soupçons peuvent être évoqués mais ne suffisent pas à condamner... sauf à France Galop. Bien que toutes les conclusions amènent à une contamination accidentelle et donc occasionnelle, les commissaires ont statué : condamnation à trois mois ferme !

Jacques Ricou, Président de l Association des jockeys a publié un communiqué officiel avec une position objective. Il exprime notamment ses craintes quant aux suites de cette affaire “qui risque d’établir une jurisprudence catastrophique pour les jockeys opérant en France. Les commissaires considèrent que les jockeys doivent se prémunir contre tout risque de contamination. Or, il est impossible pour un jockey comme pour tout être humain de se prémunir contre un tel risque".

J'irais en ce qui me concerne bien au delà, ma position d'observateur étant plus simple que celle de l'association des jockeys, dont France-Galop a d'ailleurs beaucoup de chance que les réactions soient pour le moment modérées, peut-être en attendant l'avis des commissaires d'appel, prévu le 13 août. À n'en pas douter, les événements pourraient prendre une toute autre tournure si ces derniers ne ramenaient pas à la raison leurs collègues. Pour ce faire, faut-il qu'ils ne soient pas les mêmes ! 

Pour ma part, la patience des jockeys et des turfistes m'étonne. Dans n'importe quel autre domaine, la grève des montes ou des paris (voire les deux en communs) aurait vite mis des dirigeants, “qui perdent les pédales" chaque jour davantage devant leurs responsabilités. Et quand bien même les commissaires d’appel reviendraient sur la sanction injuste -nous le souhaitons vivement pour Stéphane Pasquier- cela ne changerait rien à l'absurdité, à l'incohérence, à l'incompétence dont ont fait preuve les commissaires de France-Galop en première instance, comme cela avait déjà été le cas dans l'affaire Porzier et aussi, en ce qui concerne Jean-Philippe Dubois. 

On est d'ailleurs en droit de se demander qui surveille l'état psychique et physique de commissaires capables de prendre des décisions aussi iniques !


Le "Cercle Tourbillon" initiative galopeuse que l’on peut qualifier d'utilité publique dans le secteur des courses, a publié, sur son site internet (cercle-tourbillon.com), quelques réactions dont certains extraits nous ont semblé devoir être publiés : 

- Comment est il possible que des commissaires normalement constitués puissent juger de la sorte : soit S. Pasquier est coupable d’une faute grave (consommateur régulier et avéré) et il doit être puni de 6 mois (tarif syndical), soit S. Pasquier a été contaminé à son insu et il doit être blanchi purement et simplement. Mais 3 mois représente un jugement incompétent. 

- Encore un présumé coupable ? Pour les Commissaires, ce n est pas un problème de punir pour un fait avéré  involontaire et causé par autrui. L important est de punir ! L exercice du pouvoir, confié à des bénévoles (NDLR : très bien indemnisés pour leur frais) sans formation de juges et qui s’appuient sur un Code anachronique rédigé  il y a "des siècles" et rafistolé au fur et à mesure sans tenir compte de l’évolution des techniques. On en arrive à  reconnaître le doute, à confirmer l’innocence et à punir quand même ! Par contre, aucune faute ne peut être imputée à ces "juges de droit divin" que personne ne peut remettre en cause et qui se choisissent entre eux selon des critères qui échappent à tous ceux qu ils jugent quotidiennement. Cela se passe en France au XXIË siècle : au dessus des droits de l’homme et de la présomption d’innocence, quelques oisifs décident du destin de ceux qui travaillent. Un nom, un chapeau melon et un cigare remplacent les années d’études. La réforme du juridictionnel est évoquée tous les quatre ans et est enterrée sitôt les élections passées. Ainsi les erreurs sont entérinées et se répètent à l’infini. Pour le plus grand malheur des courses et de leur fameuse image ! 

- P. BELLAICHE, Président du Syndicat Hippique National, Commandeur du Mérite Agricole : 

Mr RICOU, il vous faut maintenant agir et prouver votre solidarité avec Stéphane   Pasquier. En temps que Président, vous vous devez de demander à tous les jockeys se mettre dans le rond de présentation et refuser de monter tant que le sursis ne sera pas accordé à S.Pasquier. Il faut menacer Bertrand Bélinguier (Président de France Galop), soit d’annuler le Gala des Courses, soit de le huer lors de sa venue... Et faites le savoir dans la presse hippique. 

- Entre conflits d intérêts et incompétence notoire, à l’évidence le statut des commissaires oeuvrant pour France Galop devrait être remanié en profondeur. Le monde du trot ne fait hélas pas exception, et certains de ses commissaires de courses abusent sans vergogne des pouvoirs qui leur sont conférés : j ai vu un(e) entraîneur public convoqué au bureau des commissaires pour avoir demandé (poliment) à l’un des ses ineffables représentants de presser le pas, l’homme provoquant un embouteillage au pied de la piste. Résultat : une convocation pour crime de lèse majesté...

- Vous tapez pas mal sur les personnes en place et particulièrement sur les dirigeants de France-Galop. Sans juger si vous avez tort ou raison, je voudrais simplement noter que ces dirigeants ne sont que les produits de l’Institution des courses. On ne peut donc pas totalement les blâmer. En effet, les statuts sont faits pour mettre en place des personnes qui ont du temps à consacrer. Or qui a du temps à consacrer bénévolement à une organisation comme la notre? Des rentiers (il y en a deux catégories : ceux qui ont fait fortune et ceux qui ont hérité. Il vaut mieux les premiers pour notre cause), des chômeurs ou des retraités. Nous cumulons donc ces profils à la tête de France Galop. Si vous voulez des personnes compétentes en termes de management, disponibles et révocables en cas de mauvais résultats, il vous faut embaucher et mettre à la tête de votre organisation des professionnels salariés. Cela parait tellement évident...

Voilà donc pour cette affaire et les réactions nombreuses, qui montrent à quel point l’organisation des courses à la tête sous l’eau.