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Actualité hippique : une analyse acérée signée Lanabère

Il se passe chaque jour quelque chose sur les hippodromes. Si nombre de courses ne sont en fait que des épreuves loteries de faible niveau, il existe de vrais événements, avec des chevaux de qualité. Dans cette rubrique, vous saurez tout des compétitions de bon niveau et tout ce qui se dit en secret dans les coulisses. Présentation d'avant-course, analyse après-course en fonction de l'intérêt sportif...   Pour cela, nous sommes chaque jour au sein des écuries, sur les champs de courses et dans les centres d'entraînement.

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TROP DE COURSES TUE LES COURSES : réagir avant qu'il ne soit trop tard...

08/03/2013

2013 va être l’année des records en terme de nombre de courses supports du PMU mais hélas probablement pas en terme de records d’enjeux... que l’on s’attend à voir en baisse au bilan de fin d’année, notamment pour les raisons déjà exprimées dans ces colonnes (progrès techniques et informatiques arrivés à terme ; conditions de jeux largement améliorées ces dernières années et là aussi au maximum du confort ; lassitude des parieurs pris pour des vaches à lait...). Alors à quoi bon ces programmes surchargés aux nombreux effets pervers ?

2013 va être l’année des records en terme de nombre de courses supports du PMU mais hélas probablement pas en terme de records d’enjeux... que l’on s’attend à voir en baisse au bilan de fin d’année, notamment pour les raisons déjà exprimées dans ces colonnes (progrès techniques et informatiques arrivés à terme ; conditions de jeux largement améliorées ces dernières années et là aussi au maximum du confort ; lassitude des parieurs  pris pour des vaches à lait...). Alors à quoi bon ces programmes surchargés aux nombreux effets pervers ? On est en droit de se le demander quand on fait un rapide tour d’horizon.

Jusqu’où ira-t-on ? À en croire les programmes des derniers jours, il n’y a plus de limites. Même pas celle, raisonnable, de la possibilité de diffusion dans de bonnes conditions sur Equidia, cet outil merveilleux pour les turfistes, mais en passe d’arriver à saturation. En effet, de nombreux beaux dimanches, à Vincennes, ont été perturbés par des réunions simultanées qui ont empêché d’assister aux courses dans les meilleures conditions, avec différés, analyses, interviews d’avant et d’après courses. Désormais, c’est le service minimum malgré la bonne volonté des animateurs et des voltigeurs de la chaîne. Souvenons-nous de l’incident du grand cross de Pau (non diffusé en direct pour problème de non-respect des horaires de la société paloise) qui est révélateur de l’impossibilité de gérer, vu le rythme des courses, le moindre retard. Or, qui peut prétendre, avec des chevaux, n’avoir aucun incident, plus ou moins importants sur trois voire quatre réunions ? Il n’y a plus aucune marge. On a même souvent, cet hiver, dû diffuser en différé certaines épreuves (pourtant de bon niveau) à l’étranger, notamment en Angleterre, car les horaires de départ étaient quasi simultanés... Quel gâchis. Alors, pourquoi prendre de tels risques ?

Pour la recette. Mais est-ce un calcul gagnant à moyen et long terme ? Peut-on évaluer quel effet dévastateur a, sur les parieurs, cette accumulation d’effets pervers, notamment cet agacement de ne pouvoir assister à une course sur laquelle ils ont joué... Car n’oublions pas que les joueurs de courses sont encore (pour combien de temps ?) des amateurs de compétitions sur lesquelles on fait des paris ; non pas des addicts au tirage de numéros... Il ne faudrait pas l’oublier.

Dès lors, pourquoi ces programmes surchargés et très souvent sans intérêt comme certaines courses dans des pays lointains ? Qui, de plus, n’offrent aucune garantie sur la régularité des résultats, un facteur contractuel du code des courses en France qui est parfois mis à mal en raison de commissaires amateurs... Mais qu’en est-il dans certaines petites courses très peu dotées (facilité de corruption...) comme à Mons dans la course truquée du 21 janvier sur laquelle France-Galop, co-organisateur, n’a pas jugé bon d’ouvrir d’enquête... Idem pour la police des jeux dont on se demande à quoi elle sert !

Ces programmes sont un non-sens. Pour la régularité des résultats et donc leur crédibilité. Mais pas seulement.

Il y a aussi le ras le bol des turfistes. Ras le bol de ne pouvoir assister à un bel enchaînement en amont et en aval des compétitions de haut niveau, comme Equidia savait le faire avant la mise en place de ces cadences infernales. Ras le bol de ne plus savoir dans quelle course jouer, sentiment qui provoque parfois un abandon total... D’ailleurs, ces programmes de folie sont-ils porteur d’enjeux à la hausse ? Visiblement pas. En revanche, le risque est mathématique de voir les masses se diluer et par conséquent les rapports baisser, à risque égal. Tous les joueurs sérieux l’ont constaté : les rapports des arrivées compréhensibles (dieu merci il y en a encore), celles qui intéressent en priorité les turfistes, ont baissés. D’ailleurs, beaucoup de joueurs à gros budget  nous ont confié avoir réduit leurs mises de base depuis quelques semaines, constatant qu’ils jouaient parfois trop, vu les masses finales à redistribuer.

Alors à quoi riment des programmes comme ceux de jeudi dernier, où les courses françaises étaient d’un bon niveau, en plat comme au trot, et au nombre de 24  (Deauville, Caen, Laval) étalées de 12h25 à 20h05 ? N’est-ce pas suffisant ? Est-il indispensable d’ajouter à cela des courses en Afrique du Sud (4) et au Chili (6), avec des chevaux inconnus dont de nombreux non-partants (16 !) qui faussent les rapports et les formules de jeux ! Idem hier, vendredi, avec Deauville, Cordemais et Cagnes étalées de 13h à 22h40.  Pourquoi nous “gaver” avec Arlington Park (4 courses) et Kranji (4 courses) puis Berlin (6 courses de 17h10 à 19h40) et Santiago (7 courses de 20h08 à 22h50) ? Aujourd’hui, trois beaux programmes à peu près bien étalés sont programmés en  France ; alors à quoi sert d’ajouter Meydan qui provoque un rythme de courses inférieur sur une partie de l’après-midi, ce qui est un non-sens et la garantie que tout ne pourra pas être retransmis dans de bonnes conditions. Exemple : une course à Meydan à 15h15 alors que le Quinté part à 15h08 à Saint-Cloud ! Vous comprenez que le verbe “gaver” n’a pas été employé au hasard. Nous sommes bien dans le cadre d’une entreprise de gavage ; mais elle n’est pas ou peu productive. Qui peut en effet assurer que la très légère hausse mécanique, due à ces réunions sans intérêt, compense le manque à gagner des parieurs qui, chaque jour, quittent le navire, lassés d’avoir l’impression qu’on veut les noyer dans un tsunami addictif ?

Les organisateurs vont-ils un jour comprendre que négliger le joueur de raisonnement (celui dont Pompidou disait, à la création du tiercé, qu’il était l’assurance de l’avenir des courses sur la loterie) c’est compromettre le moyen et le long terme d’une filière qui fait vivre 70.000 personnes ! Une filière dont dépendent les chevaux, donc les élevages, les haras, les propriétaires, les entraîneurs et tous les personnels dévoués...

Il est par conséquent recommandé d’associer les joueurs passionnés, les turfistes, aux institutions afin de mettre en place une politique des courses cohérente et ainsi sauver un secteur qui a le tort d’aller prêcher sur le terrain de la loterie, laquelle n’a pas vocation à faire vivre une filière comme celle du cheval. Ne pas oublier que des passionnés qui s’éloignent des courses, ce sont des hippodromes qui se vident, et à terme aussi des enjeux qui vont s’effondrer faute de renouvellement de clientèle. Un enchaînement inéluctable qui va provoquer de graves problèmes économiques dont certains éleveurs, entraîneurs ou propriétaires commencent à subir les effets. Il est grand temps de réagir.